Bibliographie
Louis Rimbault - «Terre Libérée»
Les milieux libres
En 1923, sur les hauteurs de Luynes, au lieu-dit Le Pin, s’installe une communauté qui prône le végétalisme et le retour à la terre comme voie de sortie du capitalisme. Là, dans des bâtiments de briques et de pierres, une grosse dizaine de « sociétaires » et quelques centaines de visiteurs réguliers s’essaient à une vie alternative. A leur tête, le Tourangeau Louis Rimbault, syndicaliste révolutionnaire un peu brigand passé à l’anarchisme individuel et au véganisme.
Mariella Esvant, La Nouvelle République, 10 juin 2023
La bibliographie sur les questions liées à «Terre libérée» est assez conséquente (notamment concernant l’anarchisme). Nous avons choisi plusieurs entrées dans lesquelles ont été privilégiés les ouvrages fondamentaux, les articles essentiels et les travaux les plus récents. Bibliographie évolutive, elle sera complétée au fur et à mesure de l’avancée des recherches. Nous avons, lorsque cela était possible, indiqué les liens permettant à toutes et tous d’accéder aux références citées. On se permettra de signaler le travail pionnier de l’historien Jean Maitron (1910-1987), créateur du Centre d’Histoire du Syndicalisme en 1966 (devenu le Centre d'Histoire Sociale des Mondes Contemporains), de la revue Le Mouvement social et du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.
Pour aller à l'essentiel
Guillaume DAVRANCHE, Dix questions sur l’anarchisme, Libertalia, 2020
Daniel GUERIN, L’Anarchisme : de la doctrine à l’action, Gallimard, 1965
Pierre KROPOTKINE, Aux jeunes gens, [1902], Aden, 2009
«Demanderez-vous qu'on jette dans les cachots ces tisserands qui, dans un moment d'exaspération, ont mis le feu à la fabrique ? qu'on envoie aux pontons cet homme qui a tiré sur un assassin couronné ? qu'on fusille ce peuple insurgé qui plante sur les barricades le drapeau de l'avenir ? [...] ... ou bien vous ferez taire votre conscience et deviendrez un coquin, ou bien vous romprez avec la tradition et viendrez travailler avec nous à l'abolition de toutes les injustices : économiques, politiques, sociales.»
Arnaud BAUBEROT, Aux sources de l'écologisme anarchiste : Louis Rimbault et les communautes végétaliennes en France dans la première moitié du XXe siecle, Le Mouvement social, n° 246, janvier-mars 2014
«La recherche des implications pratiques de cette morale naturelle conduit une partie des individualistes à s’intéresser aux recommandations formulées à la même époque par des médecins naturistes et dont les thèses sont activement relayées par la Société végétarienne de France. Le groupe de militants qui se rassemblent autour de Libertad et de son hebdomadaire L’Anarchie, fondé en 1905, dénonce ainsi l’alcool et le tabac comme des instruments d’aliénation auxquels se plie, de façon grégaire, le monde ouvrier. Il en va de même pour la consommation de viande, que Libertad désigne comme l’aliment qui nourrit les muscles des travailleurs et permet leur asservissement, faisant d’eux « des victimes qui se laissent nourrir du sang d’autres victimes.»
Cause animale, luttes sociales, [Textes de C. Gide, M. Huot, L. Michel, O. Mirbeau, E. Reclus, L. Rimbault, Severine, L. Tolstoï, G. Butaud, S. Zaïkowska, E. Coeuderoy, H.S. Salt], le passager clandestin, 2021
Anne STEINER, Les En-Dehors. Anarchistes individualistes et illégalistes à la « Belle Époque », l’échappée, 2019
Le mouvement anarchiste
Les Anarchistes. Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, [Maitron], coll., editions de l’Atelier, 2014
«Cinq cents biographies, dont soixante sont illustrées, ont été retenues pour le dictionnaire papier, avec le souci de respecter la diversité du mouvement libertaire. Ces vies exigeantes, intenses, «joyeuses» disait Léo Ferre, parfois tragiques, témoignent des différentes périodes, milieux et formes de l'engagement libertaire : les anarchistes les plus célèbres (Proudhon, Louise Michel) y côtoient des parcours plus modestes ; artistes et chanteurs (Pissarro, Ferré, Brassens, Cross) se mêlent aux théoriciens (Jean Grave, Sébastien Faure) ; illégalistes et propagandistes par le fait (Bonnot, Ravachol) cohabitent avec les figures fondatrices du syndicalisme révolutionnaire (Fernand Pelloutier, Pierre Monatte).»
Emile ARMAND, Petit Manuel anarchiste individualiste, [1911-1924-1925], Nada, 2021
Michel BAKOUNINE, Catéchisme révolutionnaire, [1866], L’Herne, 2009
Michel BAKOUNINE, Théorie générale de la révolution, [1867-1873], textes, Les Nuits Rouges, 2001
Michel BAKOUNINE, Dieu et l’Etat, [1882], Mille et une nuits, 2000
Michel BAKOUNINE, Le Devoir sacré de la Révolte, lettres et textes, Les Nuits Rouges, 2004
Michel BAKOUNINE, Ecrits libertaires, Le Temps des Cerises, 1997
Normand BAILLARGEON, L’anarchisme, QSJ ?, 2024
Anselme BELLEGARRIGUE, Manifeste de l’anarchie, [1850], Lux, 2011
Guillaume DAVRANCHE, Dix questions sur l’anarchisme, Libertalia, 2020
Dictionnaire international des militants anarchistes, [1850], Lux, 2011
Voltairine de CLEYRE, Ecrits d’une insoumise, Lux, 2018
Voltairine de CLEYRE, Y a-t-il plus fier et libre que nous ? Textes et poèmes anarcho-féministes, [1893-1914], Payot & Rivages, 2023
Marianne ENCKEL, Une petite histoire de l’anarchisme, Nada, 2023
Sébastien FAURE, Encyclopédie anarchiste, [1934], 2893 pages
Mario FERRENTO (alias Renzo Novatore), L’individualisme anarchiste dans la Revolution Sociale, extrait de Il Libertario, n°738 et 739 du 6 et 13 novembre 1919
Emma GOLDMAN, L’Anarchisme, Nada, 2021
Manuel GONZALEZ PRADA, De l’utilité des rebelles, [1904-1918], Nada, 2022
Guillaume GOUTTE, Anarchisme et alpinisme, Nada, 2024
David GRAEBER, Pour une anthropologie anarchiste, Lux, 2018
Jean GRAVE, Ce que nous voulons et autres textes anarchistes, [1898-1914], Mille et une nuits, 2012
Daniel GUERIN, L’Anarchisme : de la doctrine à l’action, Gallimard, 1965
Daniel GUERIN, Ni Dieu ni maître. Anthologie de l’anarchisme, Maspero, 1970
Pierre KROPOTKINE, Paroles d’un révolté, [1885], Flammarion, 1978
Pierre KROPOTKINE, La Morale anarchiste, [1889], plusieurs reeditions dont Mille et une nuits, 2004
Pierre KROPOTKINE, Mémoires d’un révolutionnaire, Scala, 1898
Pierre KROPOTKINE, L’Entraide, un facteur d’évolution, [1902], Aden, 2009
Pierre KROPOTKINE, Aux jeunes gens, [1902], Aden, 2009
«Demanderez-vous qu'on jette dans les cachots ces tisserands qui, dans un moment d'exaspération, ont mis le feu à la fabrique ? qu'on envoie aux pontons cet homme qui a tiré sur un assassin couronné ? qu'on fusille ce peuple insurgé qui plante sur les barricades le drapeau de l'avenir ? [...] ... ou bien vous ferez taire votre conscience et deviendrez un coquin, ou bien vous romprez avec la tradition et viendrez travailler avec nous à l'abolition de toutes les injustices : économiques, politiques, sociales.»
Pierre KROPOTKINE, L’esprit de revolte, Les Temps Nouveaux, n° 42 – 1914
Arthur LEHNING, Bakounine et les autres, Les Nuits Rouges, 2013
Jules LERMINA, L'ABC du libertaire, publications périodiques de la Colonie communiste d'Aiglemont, [n°1, fevrier 1906], Mille et une nuits, 2004
Jean MAITRON, Ravachol et les anarchistes, Julliard, 1964
Jean MAITRON, Histoire du mouvement anarchiste en France, 2 t., Maspero, 1975
Errico MALATESTA, Conversations sur l’anarchie, Nada, 2024
«Mais, dis-moi, qu'est-ce donc que l'anarchie ? - Anarchie signifie sans gouvernement. Le gouvernement ne sert qu'à défendre les bourgeois, et quand il s'agit de nos intérêts, le mieux est de nous en occuper nous-mêmes. Du reste, ce que nous voulons réaliser, c'est la mise en commun du sol, des matières premières, des instruments de travail, des logements et de toutes les richesses existantes.»
Lucy PARSONS, Travailler dans ces conditions ? Jamais ! Sur le capitalisme, les femmes et l’anarchisme, Payot & Rivages, 2024
Fernand PELLOUTIER, Aux anarchistes, [1895-1899], Nada, 2023
«Nous sommes des révoltés de toutes les heures, des hommes vraiment sans dieu, sans maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou collectif, c’est-à-dire des lois et des dictatures (y compris celle du prolétariat), et les amants passionnés de la culture de soi-même.»
Pierre-Joseph PROUDHON, Qu’est-ce que la propriété ?, [1840], Garnier Flammarion, 1966 et Le Livre de poche, 2009
PROUDHON, BAKOUNINE, KROPOTKINE, La révolution libertaire, Le Temps des Cerises, 2008
Minutes rouges (YouTube), PROUDHON, précurseur encombrant, 2019
Tancrède RAMONET, Ni Dieu ni Maître. Une histoire de l’anarchisme. L’intégrale 1840-2012, (4h06), Arte editions, 2013
Elisée RECLUS, L’Anarchie, [1895-1896-1902], Nada, 2021
«Nous sommes des révoltés de toutes les heures, des hommes vraiment sans dieu, sans maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou collectif, c’est-à-dire des lois et des dictatures (y compris celle du prolétariat), et les amants passionnés de la culture de soi-même.»
Elisée RECLUS, L’évolution, la révolution et l’idéal anarchique, [1897], Lux, 2019
Elisée RECLUS, L’Homme et la nature suivi d’A mon frère le paysan, [1864 et 1899], La Part Commune, 2022
Elisée RECLUS, Les Grands Textes, Flammarion, 2014
Elisée et Elie RECLUS, L’homme des bois, [1876-1894], Heros-Limite, 2012
«L’attention qu’Élisée Reclus porte aux Indiens dans la Nouvelle Géographie Universelle (1876- 1894), relève d’une démarche incluant pour la première fois, dans des ouvrages géographiques, la critique des crimes coloniaux, de la Conquista jusqu’aux Empires européens de la fin du XIXe siècle. Les Indiens intéressent Reclus à la fois comme population indigène et en tant que victimes des persécutions et du racisme des prétendus civilisateurs blancs. Le géographe est fasciné par leur manière de vivre qui lui fournira, non pas des modèles, mais une source pour sa conception idéale de la société qu’il développera dans des écrits plus proprement anarchistes.»
Clara SCHILDKNECHT, Hardi, compagnons ! Masculinités et virilité anarchistes à la Belle Epoque, Libertalia, 2023
Victor SERGE, L’expérience communiste, Le Communiste, n° 11, 18 avril 1908
Victor SERGE, Mémoires d’un révolutionnaire (1901-1941), Seuil, 1951 et Lux, 2010
Victor SERGE, Le Rétif. Articles parus dans “l’anarchie” 1909-1912, Monnier, 1989
Victor SERGE, Réflexions sur l’anarchisme, Acratie, 2014
Anne STEINER, De l'émancipation des femmes dans les milieux individualistes à la Belle Epoque, Réfractions, n°24, mai 2010, pp. 19-30
Anne STEINER, Les militantes anarchistes individualistes : des femmes libres à la Belle Epoque, Amnis, 8 | 2008
Anne STEINER, Pour les en-dehors, l’emancipation individuelle n’est pas seulement le moyen de parvenir à un monde meilleur, elle est à elle-même sa propre fin, Article 11, 9 novembre 2011
La Voz de la Mujer, Ni dieu ni patron ni mari, [1896-1897], Nada, 2021
«Nous avons décidé de faire entendre notre voix dans le concert social et d'exiger notre part de plaisirs au banquet de la vie. Et comme nous ne voulons dépendre de personne, brandissons nous- mêmes l'étendard rouge et partons au combat... sans dieu ni patron ni mari.»
George WOODCOCK, L’anarchisme. Une histoire des idées et mouvements libertaires, Lux, 2019
Les socialismes utopiques
Nathalie BREMAND, Les socialismes et l’enfance. Expérimentation et utopie (1830-1870), P.U.R., 2008
«Les socialistes français de la période 1830-1870 représentaient l’enfant comme un être innocent et pur, victime de la société de l’époque. Ils plaçaient en lui un immense espoir car il incarnait à leurs yeux la génération à venir. Dans leurs discours théoriques sur la société idéale, ils avaient tendance à accorder à l’enfant un statut particulier, en considérant l’enfance comme une période structurée en de multiples catégories d’âge spécifiques et en lui attribuant une place individualisée dans l’espace privé et public. [...] Par la diffusion de leurs idées et par leurs pratiques d’expérimentation sociale, les socialistes « utopiques » ont participé au changement des attitudes à l’égard des enfants qui se manifesta tout au long du XIXe siècle, et ont contribué dans une certaine mesure à l’évolution des mentalités vers une conception moderne du statut de l’enfant dans la société.»
Nathalie BREMAND, Socialistes utopiques ”Les mal nommés”, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 124 | 2014, 13-24
Jean CHESNEAUX, Jules Verne et la tradition du socialisme utopique, L'Homme et la société, n°4, 1967. pp. 223-232
Diana COOPER-RICHET et Jacqueline PLUET-DESPATIN, L’exercice du bonheur ou comment Victor Coissac cultiva l'utopie entre les deux guerres dans sa communauté de l'Intégrale, Champ Vallon, 1985
Clara DEALBERTO et Fabrice ARGOUNES, Cartes des utopies : ailleurs est ici, Libération, 26 avril 2019
Bernard DESMARS, Militants de l'utopie ? Les fouriéristes dans la seconde moitié du XIX° siècle, Les Presses du Reel, 2010
Jacques DROZ (dir.), Histoire générale du socialisme, tome 1, Des origines à 1875 et tome 2, De 1875 à 1918, Paris, PUF, 1972
«C’est presque uniquement à travers des utopies que le socialisme s’exprimera pendant plusieurs siècles. Platon, Thomas More, Campanella, Morelly représenteront de petites communautés, où la loi juste a été établie une fois pour toutes pour le bonheur de tous, et appliquée par des sages. L’on pourra reconnaître dans ces œuvres innombrables, quoique avec certaines nuances, des traits communs, qui sont le besoin de symétrie et d’uniformité, un fétichisme de l’éducation qui va de pair avec la méfiance pour la nature humaine, un dirigisme tatillon au service d’une doctrine collectiviste et autarcique, un goût marqué pour l’ascétisme qui sacrifie le bonheur de la vie en commun, la foi humaniste dans l’homme régénéré, un certain « fixisme » qui nie la réalité du changement, un «institutionnalisme» s’exprime en un petit nombre de lois claires et brèves, un prosélytisme chez celui qui bénéficie des lois de la cité idéale. Après avoir fait l’exposé des désordres sociaux et des iniquités révoltantes constatées, les auteurs de ces utopies imaginent la cité où cette plaie aurait disparu, où même elle deviendrait impossible. D’où sans doute une certaine «monotonie» des utopies, qui provient de la monotonie même du cri de révolte chez les hommes.»
Friedrich ENGELS, Socialisme utopique et socialisme scientifique, [1880], Aden, 2005 et Editions sociales, 1950, 2021
Friedrich ENGELS et Karl MARX, Les Utopiques, Maspero, 1976
Friedrich ENGELS, Description de colonies communistes surgies ces derniers temps et encore existantes, Deutsches Bürgerbuch für 1845, in Friedrich ENGELS et Karl MARX Utopisme & communauté d’avenir, Maspero, 1976
«En somme, nous voyons que la communauté des biens n’est pas du tout une impossibilité, mais au contraire que toutes ses expériences ont parfaitement réussi. Nous voyons aussi que les gens qui habitent en communauté vivent mieux en travaillant moins, qu’ils ont plus de loisir pour développer leur esprit, et sont des hommes meilleurs et plus moraux que leurs voisins qui ont conservé la propriété.»
François FOURN, Etienne Cabet ou le temps de l’utopie, Vendemiaire, 2014
Ludovic FROBERT, Quelques lignes d’utopie. Pierre Leroux et la communauté des «imprimeux», (Boussac,1844-1848), Agone, 2023
Thierry PAQUOT, Utopies et utopistes, La Découverte, 2007
«L'utopie n'est pas une anticipation, mais un présent qui mise sur le bonheur, l'équité, l'abondance et le respect de chacun. Thierry Paquot explore diverses utopies écrites ou expérimentées qui se sont succédé depuis le XVIe siècle, en privilégiant certains thèmes : le travail et les loisirs, l'éducation, la famille et les relations amoureuses, la ville et l'architecture. L'utopie s'enrichit au XIXe siècle de l'uchronie, puis de la science-fiction, pour proposer de nouvelles alternatives à la 'société de consommation'.»
Jean-Christian PETITFILS, Les communautés utopistes au XIXe siècle, Paris, Pluriel, 2011
Michele RIOT-SARCEY, Le Réel de l’utopie : essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998
Jacqueline RUSS, Le Socialisme utopique français, Paris, Bordas, 1988
Jean SERVIER, Histoire de l’utopie (1967), Paris, Gallimard, 1991
«Nature», pratiques alimentaires et cause animale
Arnaud BAUBEROT, Histoire du naturisme. Le mythe du retour à la nature, P.U.R., 2004
Arnaud BAUBEROT, Les Naturiens libertaires ou le retour à l’anarchisme préhistorique, Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, 2013/1 (n° 31), 117-136
Arnaud BAUBEROT, Aux sources de l'écologisme anarchiste : Louis Rimbault et les communautes végétaliennes en France dans la première moitié du XXe siecle, Le Mouvement social, n° 246, janvier-mars 2014
«La recherche des implications pratiques de cette morale naturelle conduit une partie des individualistes à s’intéresser aux recommandations formulées à la même époque par des médecins naturistes et dont les thèses sont activement relayées par la Société végétarienne de France. Le groupe de militants qui se rassemblent autour de Libertad et de son hebdomadaire L’Anarchie, fondé en 1905, dénonce ainsi l’alcool et le tabac comme des instruments d’aliénation auxquels se plie, de façon grégaire, le monde ouvrier. Il en va de même pour la consommation de viande, que Libertad désigne comme l’aliment qui nourrit les muscles des travailleurs et permet leur asservissement, faisant d’eux « des victimes qui se laissent nourrir du sang d’autres victimes.»
Romeo BONDON, Le bestiaire libertaire d’Elisée Reclus, Atelier de creation libertaire, 2020
Georges BUTAUD, Le végétalisme, publication du Végétalien, 1930
Cause animale, luttes sociales, [Textes de C. Gide, M. Huot, L. Michel, O. Mirbeau, E. Reclus, L. Rimbault, Severine, L. Tolstoï, G. Butaud, S. Zaïkowska, E. Coeuderoy, H.S. Salt], le passager clandestin, 2021
Paul GUILIBERT, Exploiter les vivants. Une écologie politique du travail, editions Amsterdam, 2023
«Selon une ritournelle de la politique contemporaine, « l’écologie commence à la maison » : nous serions, en tant qu’individus, les sujets de la transition environnementale. Les pauvres, rétifs au changement, sont traités en barbares à civiliser ou en climato-négationnistes à combattre. A contrario, les citadins éduqués, éclairés et capables de changer de vie, apparaissent comme les seuls agents de la nécessaire transformation des modes de vie et de production. Le scénario de la rupture populaire avec l’écologie et le récit d’une écologie réservée aux riches se renforcent mutuellement.»
JELM, Hygiène et anarchisme, l’anarchie, n°133, 24 octobre 1907
Marjolaine JOLICOEUR, Des végétaliens anarchistes, Ahimsa, 2010
Patrick PIDUTTI, Michel Bakounine penseur de l’écologie, Le Monde libertaire, n°205, octobre 1974
Elisée RECLUS, Libre nature, Heros-Limite, 2022
Elisée RECLUS, Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes, [1866], Bartillat, 2019
Elisée RECLUS, A propos du végétarisme, [1901], Mazeto Square, 2016
«Au début du texte, le géographe revient clairement sur le souvenir d’enfance qui déterminera son choix : «Je me rappelle distinctement l’horreur du sang verse.» Le choc de voir des animaux abattus par des bouchers le bouleverse et Reclus dès lors se convertira aux orientations végétariennes. Reclus n’est pas le premier intellectuel à revoir son régime alimentaire. D’autres avant lui avaient exprimé des tendances dans ce sens : Voltaire, Rousseau, Linné, Lamartine, Michelet... De toute sa vie, Reclus n’avala pas un morceau de viande ou de poisson. Il s’alimentait de fruits, de légumes et de biscuits. Ses arguments en faveur d’un tel régime relèvent de raisons personnelles.»
Les «milieux libres»
Michel ANTONY, Les communautés utopiques sont-elles toujours condamnées à disparaître ?, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 133 | 2016, 19-42
Michel ANTHONY, Communes Libertaire et Anarchiste en France,
E. ARMAND, Les tentatives de communisme pratique, La Revue Communiste & L'Ère Nouvelle, 1904
E. ARMAND, L’Ère nouvelle, décembre 1905
Céline BEAUDET, Les milieux libres. Vivre en anarchiste à la belle époque en France, Les editions libertaires, 2006
«De la fin des années 1890 au milieu des années 1930, des anarchistes créent des milieux libres et des colonies, communautés de vie et parfois de travail, renouant ainsi avec les réalisations associationnistes des premiers socialistes, cela non sans s'en distinguer. Présentés dès la fin du XIXe siècle comme un moyen d'agir au sein de la société bourgeoise et contre elle, les milieux libres des années 1900 sont conçus comme un moyen de révolte et d'éducation, formant une parenthèse au sein de ces décennies où les colonies anarchistes sont surtout la recherche d'une libération individuelle et immédiate.»
Georges BUTAUD, Qu’est-ce que Bascon ?, L’Hygie, juin-juillet-aout 1923
Jean CHESNEAUX, Critique sociale et themes anarchistes chez Jules Verne, Le Mouvement social, n° 56, Juillet-septembre 1966, pp. 35-63
Ronald CREAGH, Utopies américaines. Expériences libertaires du XIXe siècle à nos jours, Agone, 2009
«Notre témoin principal, A.J. Macdonald, qui a visité un nombre considérable de communautés, déclare que, malgré l’absence de dirigeants à cette assemblée, il n’a jamais rien vu d’aussi ordonné ; l’émulation incite chacun à se porter volontaire pour les actions qui lui semblent nécessaires au bien de tous. Une disposition générale à la non-violence tend à désamorcer les attitudes trop explosives. Qu’une tâche extraordinaire ou un événement inattendu se présentent, réclamant une décision, et les personnes qui se sentent concernées se réunissent pour en discuter ; la durée de la palabre est parfois disproportionnée par rapport à la besogne, mais qu’un fait soudain exige une réaction immédiate, que par exemple le vent renverse un énorme tas de foin, et les volontaires accourent.»
Nicolas DEBON, L'essai, Dargaud, 2015
Isabelle FELICI, La Cecilia. Histoire d’une communauté anarchiste et de son fondateur Giovanni Rossi, Atelier de creation libertaire, 2002.
Guillaume GOUTTE, Aménager la societe capitaliste. Critique libertaire d'un citoyennisme alternatif qui voudrait nous voir co gérer notre domination et notre exploitation, Le Monde libertaire, n°1610, 28/10 et 04/11/2010.
Fortune HENRY, Communisme experimental, choix d’elements, Le Libertaire, n°45, 13 septembre 1903.
Fortune HENRY, Communisme expérimental (Préliminaires), edition de la Colonie communiste d’Aiglemont (Ardennes), 1905.
HOBOLO-SHALAZZ, Louis RIMBAULT et « Terre liberee » 1923-1949. Ecole de pratique végétalienne et de retour a la terre », Les brochures de l’En Dehors, 2006
Tony LEGENDRE, Expériences de vie Communautaire anarchiste en France. Le milieu libre de Vaux (Asine) 1902-1907 et la colonie naturiste et végétalienne de Bason (Asine) 1902-1951, Les editions libertaires, 2021
Donatien LEROY, Terre Liberee, une cite veg’anarchiste, Battements de Loire, 2015
A propos d’une colonie libertaire, Le Libertaire, 29 novembre 1902
André LORULOT, Une expérience communiste. La colonie libertaire de Saint Germain, Colonie Communiste de Saint Germain en Laye, 1908
Anna MAHE, Les amis libres, l’anarchie, n° 118, 11 juillet 1907
Rirette MAITREJEAN, Souvenirs d’anarchie, La Digitale, 1997
Le Milieu libre n’est plus, La Vie anarchiste, n°7, 5 mars 1912
Arlette MILLARD, Une colonie anarchiste à Saint-Germain-en-Laye, 1906-1908 ou Une expérience communiste, la colonie libertaire de Saint-Germain, 2009
«Dans sa lettre, Lorulot explique qu’il veut intensifier la diffusion des idées anarchistes par l’outil de propagande qu’est l’imprimerie installée dans un des bâtiments de la ferme. Les colons pourront ainsi éditer eux-mêmes à moindre frais des quantités considérables de brochures, livrets, papillons (c’est ainsi qu’ils nomment les tracts). L’existence matérielle sera assurée par la culture et l’élevage. Quand ces deux activités fonctionneront, il ouvrira, peut-être au printemps prochain, une école anarchiste où sera donné un enseignement scientifique et rationnel.»
Dominique PETIT, Fortuné Henry et la colonie libertaire d’Aiglemont. De la propagande pour Ravachol au syndicalisme révolutionnaire, Terres ardennaises/Noir & Rouge, 2023
Han RYNER, As-tu vu Bascon ?, Le Journal du Peuple, 28 aout 1922
Anne STEINER, Les En-Dehors. Anarchistes individualistes et illégalistes à la « Belle Époque », l’échappée, 2019
Anne STEINER, Vivre l’anarchie ici et maintenant : milieux libres et colonies libertaires a la Belle Epoque », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 133 | 2016, 43-58
Anne STEINER, Les milieux libres en images, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 133 | 2016, 59-63
Auguste TROUSSET, L’Aurore, Le Néo-Naturien, n° 15, decembre 23-janvier 24
Vivre l'anarchie. Expériences communautaires et réalisations alternatives antiautoritaires, Actes du colloque de Ligoure, mai 2009, Lyon, ACL, 2010
Damian F. WHITE et Gideon KOSSOFF, Anarchisme, libertarisme et environnementalisme : la pensee anti-autoritaire et la quete de societes auto-organisees, Écologie & politique, 2011/1 (n°41), pages 145 à 171
Henri ZISLY, Pour la colonie, Le Libertaire, décembre 1902
Publications de Louis Rimbault
«Terre libérée»
Le problème de la viande, Le Néo-Naturien, n°9, décembre-janvier 1923
Coopérative : «La Terre Libérée», Le Néo-Naturien, n° 14, octobre-novembre 1923
Extrait des dispositions générales sur le fonctionnement de la Cité Végétalienne «Terre Libérée», Le Néo-Naturien, n° 15, décembre 23-janvier 1924
Libération économique, Le Néo-Naturien, n° 16, février 1924
L’action de «Terre Libérée», Le Néo-Naturien, n° 19, juillet-août 1924
Deux mots de «Terre Libérée», Le Néo-Naturien, n° 20, janvier-février 1925
Le “Néo-Naturien” doit-il disparaître pour avoir coopéré au succès du végétalisme libérateur ?, Le Néo-naturien, n°21, octobre-novembre 1925
Terre Libérée, l’en-dehors, n° 266, mi-janvier 1934
Numéros du Néo-Naturien disponibles sur Gallica, n°3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 20, 21, 22
Autres articles
Application du communisme en pleine societe bourgeoise, bulletin des C.O.S., 32 p. 1920
Brochures
Le Tabac, les infirmités, les fléaux qu’il provoque, le remède nature..., intro. de Julia Bertrand, ed. de l’Ecole de pratique végétalienne, 1927
Les Origines de la vie humaine révélées par la pratique du végétalisme intégral, ed. Terre libérée, 1929
Le Grand Problème naturiste : se libérer sans délai dans un jardin, guide complet de jardinage naturiste..., ed. Terre libérée, s.d.
Plantes sauvages alimentaires..., ed. Terre libérée, s.d.
Œuvres littéraires et graphiques
Thierry MARICOURT, Histoire de la littérature libertaire en France, Albin Michel, 1990
«La littérature anarchiste mériterait toute une étude», écrivait Michel Ragon. Cette étude, la voici, qui, de Jules Vallès à Henry Poulaille, de Louise Michel à Augustin Gomez-Arcos, rend compte de la richesse et de la vitalité du courant libertaire dans la littérature française. Se défiant des « étiquettes », refusant toute subordination à une idéologie, les écrivains libertaires sont convaincus de la fonction sociale et politique de l’art. La mission de l’écrivain est de troubler le lecteur, d’induire le doute à l’encontre de l’ordre établi. Par le biais des genres littéraires les plus divers, le roman bien sûr, mais aussi le théâtre, la poésie, le pamphlet, ils s’attachent à « réveiller les énergies», selon le mot d’Henry Poulaille. Qu’ils soient reconnus, comme Octave Mirbeau ou Albert Camus, méconnus comme Eugène Bizeau ou Maurice Joyeux, ces auteurs sont unis par leur commune répulsion de l’autorité et de l’injustice. A travers des thèmes récurrents et cruciaux : la guerre, le travail, l’utopie, l’enfance, ils veulent s’adresser d’abord aux défavorisés. «Avec les pauvres toujours», écrivait Séverine.»
Sergio ATZENI, Le fils de Bakounine, Libretto, 2011
Veronique BERGEN et WINSHLUSS, L’anarchie. Théories et pratiques libertaires, Le Lombard, 2019
Ernest CALLENBACH, Ecotopia, Folio-SF, Gallimard, 2021
Daniel DE ROULET, Dix Petites Anarchistes, Libretto, 2018
«Il faut se mettre à la place de ces femmes jeunes, qui quittent leur vallon pour Belfort, Paris, Le Havre, puis Brest, car c’est là qu’un navire nommé La Virginie embarque pour Punta Arenas, où elles ont décidé d’émigrer. [...] À Punta Arenas, elles font peur au gouverneur car elle se disent «protestantes, anarchistes et sorcières». [...] Quelques années passent, des déconvenues, des bonheurs, l’occasion se présente d’aller rejoindre une colonie libertaire nommée L’Expérience dans l’archipel Juan Fernández, sur l’île de Robinson Crusoé.»
Lucien DESCAVES et Maurice DONNAY, La clairière, Pièce en 5 actes, Stock, 1900
Vincent HENRY et Gael HENRY, Alexandre Jacob. Journal d’un anarchiste cambrioleur, (BD) Sarbacane, 2016
Aldous HUXLEY, Île, Pocket, 1962
Jean-Pierre JOBLIN, Dans les sillons de Gaston Couté, (BD) JPL, 2023
Maximilien LE ROY et A. DAN, Thoreau. La vie sublime, (BD) Le Lombard, 2012
Thomas MORE, L’Utopie, [1516], Gallimard, 2012
William MORRIS, Nouvelles de nulle part. Ou une ère de repos, [1893], Libertalia, 2024
Emmanuel MOYNOT, Le temps des bombes, (BD) Casterman, 2014
Jacques TARDI et Léo MALET, Nestor Burma. Brouillard au pont de Tolbiac, (BD) Casterman, 1997
Jules VERNE, En Magellanie, [1897-98], Folio Gallimard, 1999
Groupe «Histoire» de «L’Autre Terre Libérée» (2024)